Beauvoir entre l'intime et l'historique [Ressource électronique] : le paradoxe des Mémoires / Annabelle Martin ; sous la direction de Bruno Gelas et de Felicia Mc Carren, Thèse électronique

Main Author: Martin, Annabelle, 1979-...., AuteurSecondary Author: Gelas, Bruno, 1945-...., Directeur de thèse;Mc Carren, Felicia, Directeur de thèseCorporate Author (Secondary): Université Lumière, Lyon, Organisme de soutenance;Tulane university, La Nouvelle-Orléans, La., Organisme de soutenance;École doctorale Lettres, Langues, Linguistique et arts, Lyon, Organisme de soutenanceLanguage: français ; of summary, français ; of summary, anglais.Publication : Lyon : Université Lumière Lyon 2, 2011Classification: 840Abstract: Ce travail, qui propose une lecture de l’ensemble de l’œuvre autobiographique de Beauvoir, ne vise pas l’exhaustivité. Il cherche plutôt à restituer une image plus exacte de la trajectoire, de l’évolution et des infléchissements de ce projet monumental. De nombreux écrits jusque-là ignorés ont été publiés, dans des temps récents, de façon posthume. Ces textes nouveaux contribuent à ébranler une image simplificatrice ou réductrice de Beauvoir – celle qui le plus souvent se profile, de manière exclusive, soit à travers Le Deuxième sexe, soit à travers le couple Sartre-Beauvoir, soit à travers la conversion politique. Lire de manière méthodique les écrits autobiographiques de Beauvoir, c’est tenter de comprendre comment une intellectuelle et une écrivaine se construit et se distingue. Elle prend certes le contre-pied de ses origines familiales et culturelles. Mais elle va aussi parfois à l’encontre de ses propres tropismes. Une lecture précise, chronologique, mettant en rapport les différentes strates du texte, révèle de telles contradictions. Dans ce dispositif, les Cahiers de jeunesse, récemment publiés en 2008, jouent un rôle particulier. Ils montrent comment la vie intellectuelle de Beauvoir est d’abord une vie intérieure, spirituelle, qui prend même parfois des allures mystiques. Ils montrent surtout, au départ de la vocation littéraire et philosophique, une veine introspective qui fut contrariée un temps par deux tendances antinomiques : d’une part la fascination pour le roman (genre nettement valorisé aux yeux du couple Sartre-Beauvoir) et d’autre part, l’obsession grandissante à l’égard de l’Histoire majuscule. A ces deux facteurs, il faut en rajouter un troisième : le refoulement lié à la défiance à l’égard de l’intime, nettement alimentée par le compagnonnage intellectuel avec Sartre. Dans cette perspective, il m’a paru essentiel de confronter les journaux de Beauvoir, en particulier son Journal de guerre, au texte des Mémoires, qui d’ailleurs y fait constamment référence – sans compter qu’ils intègrent parfois des fragments de journal. Il apparaît, d’une façon générale, que la relecture des journaux, œuvre de toute une vie, a été constante, qu’elle a nourri l’écriture des Mémoires, que celle-ci, conséquemment, a oscillé, selon un mouvement pendulaire, entre l’introspection et la rétrospection. Les Mémoires sont à l’évidence une reconstruction du passé comme tout récit mémorial. Ils le sont plus encore lorsqu’on songe au texte princeps qui les a précédés, et lorsqu’on prête attention à leur archéologie.L’entreprise des Mémoires se présente comme une solution de compromis à l’égard de ces pulsions contradictoires. Elle propose une combinaison originale entre l’écriture de l’intime et l’écriture de l’Histoire, l’écriture de soi et l’écriture des autres. Mais c’est l’ensemble du projet, l’ensemble des écrits autobiographiques qui met en évidence la complexité des intentions et des registres, c’est cet ensemble qui donne pleinement la mesure du projet singulier de Beauvoir.Tous les gestes d’écriture qui composent l’entreprise mémoriale sont indissolublement liés, et en même temps, ils ne se ressemblent pas tout à fait. Une telle diversité des écrits intimes et mémoriels, à la fois totalisatrice et foisonnante, pourrait contribuer à revisiter une théorie parfois un peu figée de l’autobiographie qui tend à classer des sous-genres cloisonnés en les rapportant à des critères distincts, ou en les considérant sous la catégorie générale de l’écriture de soi.; This study, which offers a reading of all the autobiographical writings of de Beauvoir, is not intended to be exhaustive. Its aim is rather to provide a more exact picture of the trajectory, the evolution and the shifting movement of her massive project. Many previously unknown writings have been published posthumously in recent times. These new texts contribute to the undermining of a simplistic and reductive image of de Beauvoir, an image drawn exclusively either from The Second Sex, from the Sartre - de Beauvoir couple, or from her political conversion.In a methodical reading of de Beauvoir’s autobiographical writings, one can attempt to grasp how a woman intellectual and writer constructs herself and marks herself off from others. She undoubtedly turns against her familial and cultural origins, but she is also capable of going against her own tropisms. A precise chronological reading that relates the different strata of the text reveals such contradictions. In such an approach, the Cahiers de jeunesse, published in 2008, play an important role. They show how de Beauvoir’s intellectual life is at first an interior, spiritual life that sometimes even has something mystical about it. Above all, at the outset of a literary and philosophic vocation, the Cahiers show an introspective vein that was for a time thwarted by two opposite tendencies: on the one hand a fascination with the novel (a genre that was highly valued in the Sartre-de Beauvoir couple), on the other hand a growing obsession with History. To these two factors a third must be added: a repression linked to a distrust of the intimate that was clearly fed by the intellectual companionship with Sartre. In this perspective, I thought it essential to confront de Beauvoir’s journals, in particular her Journal de guerre, to the text of the Mémoires, which in any case constantly refer to it and even integrate fragments from it. It would appear in a more general way that her re-reading of the journals, the work of her entire life, was constant, that it fed into the writing of the Mémoires, which as a consequence oscillate in a pendulum movement between introspection and retrospection. The Mémoires are clearly a reconstruction of the past, like all memoir narratives, but that becomes even more true when one thinks of the original text that preceded them and when their archaeology is taken into account.The Mémoires as a project are to be seen as a compromise between these contradictory urges. The enterprise provides an original combination of writing the intimate, writing History, writing the self and writing the other. However it is the project in its totality, the entire autobiographical corpus, that demonstrates the complexity of intention and register, it is this totality that makes it possible to take the measure of de Beauvoir’s singular project.All the gestures of writing that make up the memorial enterprise are indissolubly linked and at the same time different from one another. Such a diversity of intimate and memorial writing, at once systematic and multiple, may contribute to a revisiting of a somewhat rigid theory of autobiography that tends either to isolate sub-genres, classifying them by reference to distinct criteria, or else to bring everything back to the general category of writing the self..Thesis: ; .Subject - Personal Name: Beauvoir, Simone de, 1908-1986 Thèses et écrits académiques Subject - Topical Name: Féminisme et littérature Thèses et écrits académiques | Temps (philosophie) Thèses et écrits académiques Subject: Mémoires | Autobiographie | Intime | Histoire | Sartre | Gide | Politique | Temporalité Online Resources:accès intranet seulement
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Thèse de doctorat Lettres et arts Lyon 2 2011

Thèse de doctorat Lettres et arts Université de Tulane (Nouvelle-Orléans) 2011

Ce travail, qui propose une lecture de l’ensemble de l’œuvre autobiographique de Beauvoir, ne vise pas l’exhaustivité. Il cherche plutôt à restituer une image plus exacte de la trajectoire, de l’évolution et des infléchissements de ce projet monumental. De nombreux écrits jusque-là ignorés ont été publiés, dans des temps récents, de façon posthume. Ces textes nouveaux contribuent à ébranler une image simplificatrice ou réductrice de Beauvoir – celle qui le plus souvent se profile, de manière exclusive, soit à travers Le Deuxième sexe, soit à travers le couple Sartre-Beauvoir, soit à travers la conversion politique. Lire de manière méthodique les écrits autobiographiques de Beauvoir, c’est tenter de comprendre comment une intellectuelle et une écrivaine se construit et se distingue. Elle prend certes le contre-pied de ses origines familiales et culturelles. Mais elle va aussi parfois à l’encontre de ses propres tropismes. Une lecture précise, chronologique, mettant en rapport les différentes strates du texte, révèle de telles contradictions. Dans ce dispositif, les Cahiers de jeunesse, récemment publiés en 2008, jouent un rôle particulier. Ils montrent comment la vie intellectuelle de Beauvoir est d’abord une vie intérieure, spirituelle, qui prend même parfois des allures mystiques. Ils montrent surtout, au départ de la vocation littéraire et philosophique, une veine introspective qui fut contrariée un temps par deux tendances antinomiques : d’une part la fascination pour le roman (genre nettement valorisé aux yeux du couple Sartre-Beauvoir) et d’autre part, l’obsession grandissante à l’égard de l’Histoire majuscule. A ces deux facteurs, il faut en rajouter un troisième : le refoulement lié à la défiance à l’égard de l’intime, nettement alimentée par le compagnonnage intellectuel avec Sartre. Dans cette perspective, il m’a paru essentiel de confronter les journaux de Beauvoir, en particulier son Journal de guerre, au texte des Mémoires, qui d’ailleurs y fait constamment référence – sans compter qu’ils intègrent parfois des fragments de journal. Il apparaît, d’une façon générale, que la relecture des journaux, œuvre de toute une vie, a été constante, qu’elle a nourri l’écriture des Mémoires, que celle-ci, conséquemment, a oscillé, selon un mouvement pendulaire, entre l’introspection et la rétrospection. Les Mémoires sont à l’évidence une reconstruction du passé comme tout récit mémorial. Ils le sont plus encore lorsqu’on songe au texte princeps qui les a précédés, et lorsqu’on prête attention à leur archéologie.L’entreprise des Mémoires se présente comme une solution de compromis à l’égard de ces pulsions contradictoires. Elle propose une combinaison originale entre l’écriture de l’intime et l’écriture de l’Histoire, l’écriture de soi et l’écriture des autres. Mais c’est l’ensemble du projet, l’ensemble des écrits autobiographiques qui met en évidence la complexité des intentions et des registres, c’est cet ensemble qui donne pleinement la mesure du projet singulier de Beauvoir.Tous les gestes d’écriture qui composent l’entreprise mémoriale sont indissolublement liés, et en même temps, ils ne se ressemblent pas tout à fait. Une telle diversité des écrits intimes et mémoriels, à la fois totalisatrice et foisonnante, pourrait contribuer à revisiter une théorie parfois un peu figée de l’autobiographie qui tend à classer des sous-genres cloisonnés en les rapportant à des critères distincts, ou en les considérant sous la catégorie générale de l’écriture de soi.

This study, which offers a reading of all the autobiographical writings of de Beauvoir, is not intended to be exhaustive. Its aim is rather to provide a more exact picture of the trajectory, the evolution and the shifting movement of her massive project. Many previously unknown writings have been published posthumously in recent times. These new texts contribute to the undermining of a simplistic and reductive image of de Beauvoir, an image drawn exclusively either from The Second Sex, from the Sartre - de Beauvoir couple, or from her political conversion.In a methodical reading of de Beauvoir’s autobiographical writings, one can attempt to grasp how a woman intellectual and writer constructs herself and marks herself off from others. She undoubtedly turns against her familial and cultural origins, but she is also capable of going against her own tropisms. A precise chronological reading that relates the different strata of the text reveals such contradictions. In such an approach, the Cahiers de jeunesse, published in 2008, play an important role. They show how de Beauvoir’s intellectual life is at first an interior, spiritual life that sometimes even has something mystical about it. Above all, at the outset of a literary and philosophic vocation, the Cahiers show an introspective vein that was for a time thwarted by two opposite tendencies: on the one hand a fascination with the novel (a genre that was highly valued in the Sartre-de Beauvoir couple), on the other hand a growing obsession with History. To these two factors a third must be added: a repression linked to a distrust of the intimate that was clearly fed by the intellectual companionship with Sartre. In this perspective, I thought it essential to confront de Beauvoir’s journals, in particular her Journal de guerre, to the text of the Mémoires, which in any case constantly refer to it and even integrate fragments from it. It would appear in a more general way that her re-reading of the journals, the work of her entire life, was constant, that it fed into the writing of the Mémoires, which as a consequence oscillate in a pendulum movement between introspection and retrospection. The Mémoires are clearly a reconstruction of the past, like all memoir narratives, but that becomes even more true when one thinks of the original text that preceded them and when their archaeology is taken into account.The Mémoires as a project are to be seen as a compromise between these contradictory urges. The enterprise provides an original combination of writing the intimate, writing History, writing the self and writing the other. However it is the project in its totality, the entire autobiographical corpus, that demonstrates the complexity of intention and register, it is this totality that makes it possible to take the measure of de Beauvoir’s singular project.All the gestures of writing that make up the memorial enterprise are indissolubly linked and at the same time different from one another. Such a diversity of intimate and memorial writing, at once systematic and multiple, may contribute to a revisiting of a somewhat rigid theory of autobiography that tends either to isolate sub-genres, classifying them by reference to distinct criteria, or else to bring everything back to the general category of writing the self.

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